Gordes (84) : Les Marmottes y emballeraient aussi des tablettes de chocolat ?

Le Vaucluse célèbre pour sa cité papale à Avignon, ses palais épiscopaux à Carpentras, Vénasque, son abbaye de Sénanque et... pays des Marmottes, ou plutôt des taupes, où l'on n'y emballerait pas que des tablettes de chocolat et où l'on y trouverait des coins à champignons (assez particuliers) mais qui ne se disent pas, cela va s'en dire.

Après le volet judiciaire "Marcus Détection (autre marmotte condamnée)", en pays de Cavaillon, le Vaucluse continue à être féérique pour certains excavateurs du patrimoine. Car pays où l'on y trouverait des objets archéologiques soit "après la pluie", soit qui se transmettent de générations en générations (un vrai goût, une vraie passion pour le patrimoine donc) mais certes qui se collectent avec un détecteur de métaux. Mais à qui la faute ? "Si on ne peut rien en faire, pourquoi ils en vendent ?" s'indignait Joël, prévenu, à la barre du tribunal de Carpentras.

Rétrospective

C'est par « bonne foi et passion » que trois individus comparaissaient au TGI d'Avignon, le 15 octobre 2018, pour le pillage de sites archéologiques locaux (B. Hurault – Laprovence.com – 2018)1.

Les services des douanes ont été saisis par le parquet d'Avignon suite à signalement de la Drac-Sra PACA concernant un couple de Gordes (84) qui revendait sur eBay (nom de code dans le milieu des marmottes ou des taupes : Barnabé84) des pièces gauloises et romaines « provenant du pillage de sites archéologiques locaux ». 180 artefacts ont été trouvés chez Isabelle et Vincent. Ils ont prétextés en avoir trouvé près de chez eux « après la pluie » mais aussi d'en avoir acheté sur des marchés et d'autres dans des salles de vente car elles ressemblaient aux pièces découvertes par Vincent.

Joël, un des revendeurs, était au tribunal à leur côté. Il tient habituellement un stand au marché de Carpentras et a été interpellé en décembre 2015 par les douaniers aux Vignères avec cinq artefacts d'époque gallo-romaine. Lors de la visite domiciliaire, ce sont des centaines de pièces et médailles religieuses qui sont saisies : « Collection familiale », selon le prévenu qui admet avoir recherché sur ses terres au moyen d'un détecteur de métaux. Joël incrimine les vendeurs : « Si on ne peut rien en faire, pourquoi ils en vendent ? » ; « Il est où le problème, j'ai hérité d'une collection et j'ai vendu des pièces mais aussi des meubles pour payer la maison de retraite de ma mère. Je ne savais pas que c'était interdit... Sinon, croyez-moi, je ne serais pas ici ! ». Joël se défend d'être un pilleur de sites archéologiques : « Comme je vous dis, ça arrive des générations ! C'est une passion et j'ai cherché sur les terres chez moi et à côté... ». Joël refuse de livrer les endroits de ses fouilles : « C'est comme les coins à champignon : ça se dit pas !... ». Il a vendu ses pièces de collection suite à des problèmes financiers à l'exception d'un char qu'il a rénové dans son jardin et qu'il estime à 140 000 euros.

Le Substitut du procureur souligne « une atteinte au patrimoine » et réclame une amende de 3 000 euros dont une partie avec sursis pour le couple et pour Joël 10 000 euros d'amende dont une partie avec sursis avec la confiscation des pièces anciennes. La défense a plaidé « la bonne foi » ; « des passionnés qui ne sont nullement des pilleurs de sites archéologiques » ; elle a pointé la notion de « biens culturels » et précise que beaucoup « n'excèdent pas le prix de 20€ et proviennent de collections familiales ou de vignes fraîchement labourées ».

Jugement en délibéré au 21 novembre prochain...

LoisDMF

1 Article de Bruno Hurault, Laprovence.com, du 16 octobre 2018 : « Luberon : des revendeurs de pièces accusés de fouilles sauvages », https://www.laprovence.com/article/edition-vaucluse/5199281/des-revendeurs-de-pieces-accuses-de-fouilles-sauvages.html