"Normandie. Détection de métaux : un loisir très réglementé"
- LoisDMF suite à article de Camille Ruffray -
- 15 août 2018
- 3 min de lecture
"Atypique, le loisir de la détection de métaux n’en reste pas moins très réglementé. En pratique, détecter en toute légalité est plus compliqué qu’il n’y paraît."

"« C’est le même frisson que la chasse ou la pêche, c’est l’instinct primaire de chercher, l’excitation de fouiller, comme un truc de brocanteurs. » Kevin Tabourel, habitant de Flers de 30 ans, pratique le loisir de la détection depuis trois ans."
"La panopolie d’un bon UDM
La panoplie d’un UDM, un utilisateur de détecteur de métaux dans le jargon, c’est : un bon détecteur, « capable de discriminer les ferreux et les cibles pas intéressantes », des bottes, des manches longues « pour éviter les tics », une pelle, pour creuser mais aussi « prendre soin de remettre un coup de belle pour laisser l’endroit comme on l’a trouvé » et un pointeur.
Si dans 95 % des cas, les recherches sont infructueuses, Kevin repart toujours avec ce qu’il trouve, et sa maison regorge de toutes ses trouvailles. « C’est un échange cool, il y a un côté écolo de dépollution, même si tu trouves quelque chose qui ne t’intéresse pas, tu le prends. »
Une chaîne Youtube
Quand il a acheté son premier détecteur, Kévin a filmé ses fouilles et posté les vidéos sur sa chaîne Youtube, « détection en Suisse normande ».
« Je me suis marré et j’ai décidé de continuer, puis j’ai fait des vidéos plus standardisées, en utilisant le vocabulaire de la détection et en y ajoutant de l’humour », raconte-t-il.
Mais depuis quelques mois, cet UDM a mis le frein sur son loisir, pour des raisons personnelles, mais aussi car la loi s’est durcie.
Que dit la loi ?
En pratique, un article de 1989 du Code du patrimoine indique qu’une autorisation préfectorale est nécessaire pour la recherche de monuments et d’objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie. Une autorisation généralement délivrée aux archéologues professionnels.
Les « poeleurs » peuvent néanmoins détecter dans des lieux publics, « mais sans avoir l’intention de trouver des objets pouvant intéresser les domaines précédemment nommés ».
« Tout ce qu’on trouve datant d’avant 1875, ainsi que tout objet ayant un rapport avec les deux conflits mondiaux appartient à l’Etat », indique Kévin. L’utilisateur doit alors en référé en l’Etat : à la DRAC, la Direction régionale des affaires culturelles, ou à l’INRAP, l’Institut de recherches archéologiques préventives.
L’intention doit venir du propriétaire
Depuis quelque temps, l’autorisation écrite du propriétaire sur lequel le prospecteur cherche est obligatoire. « L’intention doit venir du propriétaire, et non plus de nous. Nous devons indiquer sur quelles parcelles nous intervenons et pourquoi nous intervenons, comme une pièce de tracteur, une alliance, etc. »
Un loisir aux contours flous selon Kévin. « Il faut apprendre à se sécuriser pour ne pas avoir de problèmes, en faire moins, bien connaître la personne. Moi, j’essaye d’être le plus honnête possible, mais ça va me dégouter, c’est beaucoup trop contrôlé », indique-t-il.
Pour lui, des contraintes trop restrictives vont pousser certains à continuer d’en faire un business : « ça va lancer les gens à la transgression car ils n’auront plus de limite et vont se dire que si c’est interdit, autant ne pas le faire dans les règles de l’art ».
Pour Kévin, qui n’a jamais rien revendu, les règles de l’art, c’est de rendre à César ce qui appartient à César. « Si tu tu trouves quelque chose et que tu t’y intéresses vraiment, tu le rends. Le but n’est pas de souiller le patrimoine. »"
Source : https://actu.fr/normandie/flers_61169/normandie-detection-metaux-loisir-tres-reglemente_18125676.html
"95% de recherches infructueuses", signe que les sols ont déjà été bien retournés par d'autres usagers de la poële ou du à un mauvais emploi de la part de son utilisateur. Cela dit paradoxalement "sa maison regorge de toutes ses trouvailles" !
"Les poëleurs peuvent détecter dans les lieux publics". C'est vrai mais toujours après demande faite par écrit auprès des municipalités et du service régional de l'Archéologie (SRA) territorialement compétent.
Quel intérêt pour un propriétaire de donner son autorisation écrite pour permis de détecter sur ses terres ? Dépolluer ? Ses champs ne s'en sont pas portés plus mal jusqu'à présent et il risque de s'exposer pénalement - si un objet archéologique (monnaie, fibule etc.) était trouvé dans ses sols par le prospecteur - s'il n'a pas informé le SRA des intentions de la personne qui le démarche et de son accord.
La transgression des règles - comme toutes autres infractions - mène déjà aux poursuites judiciaires. C'est plus compliqué aujourd'hui de ne pas se faire attraper face aux réseaux d'acteurs de l'Etat très informés sur la législation en vigueur.
LoisDMF
Pour aller plus loin, on consultera les vidéos de collectes d'objets historiques ou archéologiques de Kévin avec son détecteur de métaux, depuis sa chaine youtube "Détection en Suisse normande"
Détection en Suisse Normande n°08 Avec du blanc et un OBUS?
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