Normandie - Des pilleurs de patrimoine condamnés à Caen
- Benjamin Morin - Le Parisien
- 18 juil. 2018
- 3 min de lecture
" Trois hommes étaient jugés ce jeudi pour avoir dérobé des vestiges historiques à l’aide de détecteur de métaux près de Caen. Un véritable fléau dans cette région chargée d’histoire.

Ils sont soudeur, technicien en maintenance et chômeur. Ces trois « chasseurs de trésor » amateurs ont entre 25 et 36 ans et se présentent à la barre du tribunal correctionnel de Caen ce jeudi comme des passionnés d’histoire. Une passion qui les a menés, début 2014, dans un champ a priori banal de Bretteville-l’Orgueilleuse, une commune de 2 600 habitants située entre Caen et Bayeux.
Seulement, les trois prévenus n’ont pas ciblé leur terrain de jeu par hasard. Le site est référencé sur plusieurs cartes archéologiques nationales. « Il a accueilli un important dépôt de monnaies gallo-romaines », souligne le président du tribunal.
Pris en photo par un archéologue
Equipés de leurs détecteurs de métaux, des engins achetés entre 1 500 et 3 000 euros, les trois prévenus ont arpenté le lopin de terre de long en large. Les poêles à frire ont rapidement sonné, la récolte a été bonne. Ils ont déterré 227 pièces de monnaie médiévales, romaines et gauloises, ainsi qu’une poignée d’épée et une hache qui date de l’âge du bronze, probablement vieille de plusieurs milliers d’années.
Pas de chance, les trois détectoristes sont pris sur le vif par un archéologue de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles), qui immortalise la scène avec son appareil photo. Chenille de char, munitions, jerrican anglais… La perquisition menée chez l’un des prévenus a également permis de mettre la main sur de nombreux vestiges de la Seconde Guerre mondiale. « Ça sauve le patrimoine historique, et puis il m’arrivait de prévenir les démineurs », murmure l’intéressé.
Alors sans emploi, celui qui se fait appeler « la taupe » sur les forums spécialisés prospectait trois fois par semaine. Pour la procureure de la République, pas question de lui décerner une médaille, ni de passer l’éponge. Les trois Indiana Jones en herbe n’ont rien de simples passionnés d’histoire. « Le pillage est un fléau. On parle ici de la destruction d’un site archéologique », tranche Carole Etienne.
« On ne peut pas aller détecter comme on va ramasser des champignons »
A la barre, l’un d’eux assure avoir obtenu l’autorisation du propriétaire du champ. Un accord verbal qui n’a laissé aucune trace, contrairement à l’empreinte que lui a laissée sur place. La pratique est pourtant interdite, l’utilisation de détecteurs de métaux soumise à autorisation. « On ne peut pas aller détecter comme on va ramasser des champignons », fulmine la représentante du parquet.
Les prospections menées par les trois prévenus ont considérablement dégradé le site. « L’archéologie n’est pas un travail grossier, de terrassier. Elle nécessite du temps, de prendre des mesures, de faire des croquis », ajoute le président du tribunal. Jusque-là inconnus de la justice, les trois hommes écopent de peines allant de trois à neuf mois de prison avec sursis et d’amendes de 400 à 1 300 euros.
Depuis les faits, deux d’entre eux ont remisé leur matériel au placard. Le troisième, lui, continue de fouiller le sol normand. Seulement, il le fait désormais dans les règles de l’art. « Je suis un stage pour devenir archéologue », précise « la taupe ». Tous les trois encourraient jusqu’à dix ans de prison et 150 000 euros d’amende."
Source : http://www.leparisien.fr/faits-divers/des-pilleurs-de-patrimoine-condamnes-a-caen-12-07-2018-7818132.php
Et autre article : https://actu.fr/normandie/neuville-sur-touques_61307/neuville-sur-touques-prison-sursis-les-trois-pilleurs-patrimoine_17800126.html
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