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Quel avenir pour la détection magnétique en France ?

  • LoisDMF
  • 15 juin 2017
  • 6 min de lecture

La détection magnétique a pendant des années prospéré à l'ombre jusqu'à ce que - depuis ces cinq dernières années - il y ait eu une prise de conscience collective de nos concitoyens et de nos institutions suite au pillage de notre patrimoine et du trafic qu'il génère, qu'il soit aussi bien cultuel, culturel qu'archéologique.



S'il y a quarante ans les détectoristes étaient quelques centaines à pratiquer discrètement sans être réellement inquiétés, ils sont aujourd'hui de plus en plus nombreux, plusieurs milliers, tentés de goûter à l'aventure, excités par la chasse au trésor et par ses découvertes (aussi bien terrestres que subaquatiques). Il sont prêts à investir entre 200 et 7000 euros dans un détecteur de métaux voire un propointer (environ 140 euros) au risque de s'exposer inconsciemment (ou consciemment) à la législation en vigueur et aux poursuites pénales (votre vendeur vous en a t-il informé ? Il en a l'obligation). Pourtant ces détecteuristes (comme on les appelle ou "poêleurs") ne sont pas les plus grands gagnants de ce marché lucratif puisque la presse et les boutiques spécialisées dans ce domaine fleurissent et prospèrent sur le dos de cette nouvelle clientèle de plus en plus nombreuse et mal informée... Que restera t-il de notre patrimoine archéologique enfoui, méconnu, lorsque toutes les forêts, les labours, les fonds aquatiques auront été sondés illégalement par les usagers du détecteur de métaux, par leurs propointers, leurs scuba detector et par les pratiquants de la pêche à l'aimant ?


Déjà dans certaines régions comme en PACA, les détecteuristes se plaignent de ne plus trouver de "beaux objets", aussi on a jamais vu autant fleurir de collections privées chez de simples particuliers. Collections qui n'hésiteront pas à attirer l'œil des forces de l'ordre en cas de constatations au domicile d'un possédant (d'une victime... par exemple, d'un cambriolage ou d'un mis en cause... : "ah ? outre le cannabis, vous n'avez pas le droit de détenir cela ?"). C'est tout autant répréhensible que si vous déteniez des statuettes en ivoire ou une tête de tigre empaillée (convention de washington etc.).


Il n'y a qu'à lire les nombreux questionnements et les constats de membres sur les divers fora et les fils de discussions de groupes de détecteuristes sur les réseaux sociaux et sur les blogs pour s'apercevoir que nombreux pilleurs du détecteur de métaux - par leurs actions néfastes - ont brisé tout espoir de voir un jour le modèle d'un "Treasure Act" adapter en France à l'instar de la Grande-Bretagne. Si bien que cette communauté est aujourd'hui d'autant plus informée et divisée de par les actions en justice - contre les leurs - de plus en plus nombreuses, inquiétant aussi bien le simple détecteuriste du dimanche, que celui plus aguerri (sortant son détecteur de métaux même de nuit) voire le vendeur de détecteur de métaux qui a pignon sur rue (deux procédures sont en cours en région PACA) et qui, sous couvert de "dépollution" ou de prétendre "sauver un objet" (intéressant l'histoire et l'archéologie), se trouve perquisitionner dans sa boutique et son domicile et doit se justifier auprès de l'unité judiciaire et/ou fiscal saisie des faits sur la nature des objets historiques et archéologiques qu'il détient illégalement. N'a t'il donc pas l'obligation d'informer sa clientèle sur la législation en vigueur...? Oui, c'est vrai la vente de détecteur de métaux "hi-tech" n'intéresse pas forcément les professions réglementées (gaziers, électriciens, plombiers, BTP, militaires, forces de l'ordre etc.) et que dire des propointers et des matériels onéreux (un détecteur de métaux d'entrée de gamme, à environ 200 euros, est suffisant pour un plombier recherchant des canalisations en plomb et en cuivre enfouies, idem pour le démineur de l'armée etc.).


Ne soyons pas hypocrite, si ce n'est pour faire les choux gras de ceux participant au lobbying autour de la vente des détecteurs de métaux vantant à une clientèle potentielle (aussi dans les magazines spécialisées) les découvertes liées aux recherches intéressant l'histoire et l'archéologie, on peut se demander légitimement à quoi bon vendre en France des détecteurs de métaux ultra-sophistiqués (entre 800 et 7000 euros l'unité voire plus) ?


Les limites du Tresaure Act et du Portable Antiquities Scheme au Royaume-Uni


Le Treasure Act et le Portable Antiquities Scheme ne sont pas la solution pour empêcher le pillage du patrimoine archéologique anglais (ils n'empêchent pas les pilleurs de se faire de l'argent sur le dos du patrimoine britannique - Cf, l'article sur le pillage d'un policier britannique). Bien au contraire, ils attirent par la libéralité de leur tolérance aux détecteurs de métaux à inciter les usagers des autres pays d'Europe à s'y déplacer et à venir porter atteinte aux couches archéologiques sacrifiées, détruites portant un préjudice à la restitution de toutes données scientifiques venues du sol.


Comme le souligne l'archéologue Jean-David Desforges : "Le Treasure Act et le PAS ne reposent sur aucune préoccupation de sauvegarde du patrimoine archéologique. Ils sont dans les faits une incitation à la chasse au trésor, autrement dit à la fouille archéologique sauvage. Pete Wilson, de l’English Heritage, l'a démontré en 2009 que la vénalité du public l’emporte naturellement sur l’intérêt scientifique. Cette même année, il a été observé que 400 à 500 objets archéologiques déclarés découverts en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord, ont été mis en ligne par jour sur des sites comme Ebay." (pour aller plus loin... source : http://www.jeandaviddesforges.fr/2017/06/le-treasure-act-ou-quand-la-science-passe-apres-le-saccage.html).


Envie d'acheter un détecteur de métaux ?


La vraie question est de savoir pourquoi acquérir un détecteur de métaux (sans expérience archéologique reconnue et sans formation diplômante en archéologie, point d'autorisation délivrée par l'autorité préfectorale et les Directions Régionales des Affaires Culturelles - Service Régional de l'Archéologie (DRAC-SRA), si une simple autorisation écrite d'un propriétaire de terrain vous dédouane de l'infraction de vol de biens de mobiliers archéologiques en cas de découvertes ; en revanche, elle ne vous dispense pas de vous voir poursuivre pénalement, vous et le propriétaire, par l'État pour le même motif) ?


- Pour extraire les objets intéressant l'histoire et/ou l'archéologie afin de les collectionner ? C'est interdit par la législation française (cela dit, rien ne vous empêche de les collectionner en les ayant acquis légalement comme on le ferait pour une œuvre d'art avec un certificat d'authenticité).

- Pour extraire les objets intéressant l'histoire et l'archéologie afin de les revendre à la sauvette (vide-greniers, brocantes etc.) ou sur le net afin d'arrondir ses fins de mois ? Vous contribuez au trafic de biens culturels et c'est tout autant prohibé. Plusieurs procédures sont en cours et des détectoristes ont été jugés devant nombreux tribunaux français (Ah ! Les ventes illégales d'artefacts sur Ibé, déquanpeu et lebonkwin...).

- Pour fouiller dans le sable à la plage les objets perdus par les baigneurs en été ? Là, c'est encore plus flagrant : c'est l'appât du gain qui motive votre passion (connaissez-vous beaucoup de détectoristes qui se rendent en mairie ou à la police municipale locale à l'issue pour remettre les objets trouvés et perdus par les vacanciers ?).

- Par action civique, pour dépolluer les sols ? Avant d'acheter un détecteur de métaux - en creusant les sols, vous portez atteinte aux couches archéologiques en place ou celles qui sont en cours de formation - vous pouvez "dépolluer" à vue (sans creuser) en collectant les objets anthropiques contemporains non enfouis, jetés et abandonnés dans notre belle nature (les canettes de soda et l'aluminium sont rachetés par des entreprises de recyclage : vous vous paierez ainsi vos vacances et vous continuez à prendre l'air : qui se prend sans avoir un détecteur de métaux sous le bras).

- Pour participer à des rallyes détection ? Il n'y a que très peu de rallye détection en règle en France, alors demandez aux organisateurs de ces épreuves s'ils possèdent bien l'autorisation préfectorale adéquate avant de chercher des jetons enfouis dans les sols sous peine de vous retrouver poursuivi pénalement et administrativement avec les organisateurs (le sol français est riche de patrimoine archéologique même méconnu). Il vous faudra aller au Royaume-Uni pour cela (Detectival etc.), n'oubliez pas de ne rien ramener avec vous (objets archéologiques etc.) car si vous ne serez pas inquiété en quittant le sol britannique, en revanche sans licence d'exportation vous pourrez être poursuivi pour "importation de biens culturels" (délit puni de deux ans de prison et de 450.000 euros d'amende).

- Pour aider bénévolement à localiser les objets dangereux intéressant le militaria ? Il y a une formation pour cela : c'est démineur tout comme le métier d'archéologue... on ne s'improvise pas médecin par passion, on le devient au bout d'une formation universitaire et une pratique reconnue de plusieurs années après le baccalauréat : l'archéologie, c'est pareil. Rappelons que chaque année il y a des mutilés et des décès suite à cette pratique dangereuse.

- Pour aider une association loi 1901 (ou autre) dont vous êtes membre et/ou un pote archéologue ? Si vous pratiquez en toute illégalité la détection magnétique, vous, votre association et/ou votre pote archéologue (même reconnu) vous exposez à des sanctions pénales et vous ne contribuez qu'à l'archéologie noire, celle qui est répréhensible.


En bref, lors d'un contrôle des forces de l'ordre dans un labour ou ailleurs (même avec autorisation écrite seule du propriétaire des lieux) le "regardez mon détecteur de métaux et je vous dirais qui je suis..." ne laissera pas insensible le gendarme, le policier, le douanier et les agents de l'ONF. Nous vous recommandons un bon avocat...


Lois DMF









 
 
 

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